09 août 2023 | Points de vue | Lecture de 7 minutes

Gérer un portefeuille accidentel

Par souci de clarté, les personnes qui, comme moi, écrivent sur les marchés et la planification financière présentent une version assez nette du monde. Les stratégies de capitaux propres sont assez ciblées pour diversifier les risques et sont réparties entre les régions. Les obligations jouent un rôle important dans l’absorption des chocs et la part des liquidités est faible. Il peut y avoir des placements alternatifs. Dans les faits, notamment dans les portefeuilles des clients particuliers, cette version reluisante du monde ne correspond pas toujours à la réalité. Avant de faire affaire avec nous, les particuliers ont pris des décisions dans le passé qui peuvent se traduire par un « portefeuille accidentel » qui comporte plusieurs éléments avec tant de comptes et de gestionnaires qu’il est impossible pour les clients de comprendre les risques, sans parler de la confusion et du stress engendrés.

Patti Shannon, gestionnaire principale et gestionnaire de portefeuilles des particuliers m’a présenté une hypothèse :

Patti Shannon

« Le portefeuille dit accidentel résulte de l’accumulation d’investissements au fil des décennies. Souvent, lorsque nous transférons le portefeuille des particuliers, il provient de plusieurs sources différentes. Les particuliers sont lassés de toute la paperasserie et veulent consolider leurs affaires. Par exemple, une cliente ouvre un compte auprès d’un courtier de détail à l’époque où son cousin Bob a créé une société de services pétroliers (investir dans les affaires familiales). Le courtier lui propose ensuite de faire des premiers appels publics à l’épargne (PAPE) en bourse financés avec de nouveaux fonds. Elle se retrouve aujourd’hui (après quelques échecs et succès) avec un portefeuille assez risqué (parier sur des entreprises peu stables). Cependant, elle est déçue des rendements de ses placements. Après avoir lu quelques articles sur les avantages potentiels de l’investissement dans les fonds négociés en bouse (FNB), elle ouvre un compte non enregistré autogéré qui détient plusieurs fonds (suivre les tendances). Par la suite, l’entreprise pour laquelle elle travaille change de fournisseur de services pour le compte REER. Tous ses amis ont décidé de confier leurs REER à un gestionnaire de la banque et elle décide de faire de même (administratif). Le demi-frère de son mari possède une compagnie d’assurance et vend également des fonds communs. Ils lui ont donc donné un peu de travail, car ils voulaient l’aider (soutenir les membres de la famille). Aujourd’hui, l’heure de la retraite approche et la paperasserie est accablante. Elle ne connaît pas son degré d’exposition aux actions en général ni aux valeurs financières, aux technologies, aux actions américaines dans une option de consolidation. »

La situation peut encore se compliquer au fil du temps.

Par exemple, nous travaillons avec de nombreux entrepreneurs-fondateurs qui, lorsqu’ils introduisent leur société en bourse ou la fusionnent avec une société ouverte, détiennent soudainement 80 % de leur portefeuille dans une seule action. Lorsque les restrictions liées à la négociation de cette action disparaissent, les investisseurs peuvent également être tentés de les conserver un peu plus longtemps et de résister à la diversification.

Un client peut également avoir un attachement émotionnel à un titre en raison de la loyauté des employés (y a-t-il des détenteurs de certificats d’actions Nortel?) ou si, par exemple, son père lui a donné des actions de Coca-Cola et lui a dit de ne jamais les vendre… mais ces actions représentent maintenant la moitié de son portefeuille.

L’impôt représente également un enjeu. Une action acquise il y a 20 ans (p. ex. la Banque Royale) peut nous parvenir avec une énorme plus-value intégrée, car les gestionnaires d’investissement peuvent être réticents à réaliser des gains imposables sur des actions sûres à long terme. C’est un défi dont nous héritons et que nous gérons dans le cadre de notre propre processus (voir ci-dessous).

Une ou plusieurs de ces situations vous semblent-elles familières? Un portefeuille accidentel peut vous surprendre et représenter un risque si vous ne faites pas attention. Alors, comment s’en sortir?

Prendre le contrôle d’un portefeuille accidentel

Repartir sur de nouvelles bases. Une fois que vous et votre gestionnaire d’investissement avez décidé de faire le ménage, il faut adopter une attitude sans faille. N’oubliez pas : il ne s’agit pas d’un portefeuille dans lequel vous investissez de nouveaux montants. Vos efforts en vaudront le coup quand il sera consolidé, épuré et géré efficacement avec une stratégie claire à l’esprit.

Laisser les autres et votre capital faire le travail. Si vous avez acquis votre patrimoine par l’entrepreneuriat, revoyez votre approche de gestion pour y inclure des stratégies plus traditionnelles, mais efficaces à long terme. La diversification des risques dans un portefeuille équilibré de marchés publics et possiblement privés peut vous aider à assurer votre retraite d’une manière réfléchie et mesurée. D’ailleurs, commencer tôt peut faciliter votre transition en vous aidant à vous acclimater. Si l’envie d’investir dans une entreprise en activité ou de la diriger vous tient toujours à cœur, envisagez de réserver une partie de votre portefeuille au capital de risque et une autre à un portefeuille diversifié, ce qui vous permettra de tirer le meilleur des deux mondes.

Lorsqu’un client arrive chez Leith Wheeler, nous prenons le temps d’apprendre à connaître sa situation particulière, puis nous nous mettons au travail pour l’aider à transformer ses avoirs en un investissement simple, facile à comprendre et à gérer.

Unintended Portfolio

Rassembler tous les éléments constitutifs. Gérer un portefeuille accidentel passe d’abord par une mise au point sur les risques et éventuels rendements du portefeuille hérité. Chez Leith Wheeler, nous faisons l’inventaire des avoirs de tout nouveau client afin de comprendre les expositions à des zones géographiques, secteurs ou niveaux de capitalisation. Nous obtenons ainsi un point de départ pour la transition vers un portefeuille optimisé pour atteindre les objectifs d’investissement à long terme du client sans prendre de risque excessif.

Se départir des avoirs à haut risque et à faible rendement. Dans le cadre de ce processus, nous examinons attentivement tout avoir ne faisant pas partie de nos portefeuilles modèles*. Nous signalons les actions qui sonnent l’alarme (modèles d’entreprise défaillants, voire preuves de fraude, par exemple) en vue d’une vente immédiate. Ensuite, nous adoptons un processus par étapes pour aligner le portefeuille consolidé sur nos modèles.

Déterminer les intouchables. Nous discutons avec les clients des actions hors modèle qu’il ne faut pas toucher. Si nous ne pouvons pas toucher aux actions de l’entreprise du cousin Bob, nous regrouperons les avoirs dans un compte distinct afin que les risques et les rendements du portefeuille principal puissent être gérés et évalués de manière indépendante. Les actions sujettes à des contraintes commerciales particulières (p. ex., celles qui ne peuvent être négociées pendant une certaine période après une fusion) peuvent également être traitées ici.

Créer un plan pour atteindre les objectifs d’investissement à long terme.À cette étape, les complexités liées au portefeuille accidentel commencent à se dissiper et un plan à long terme prend forme. Nous constituons un portefeuille composé de capital, d’obligations et possiblement d’autres actifs, dont la composition est surveillée et gérée. Les allocations au sein des structures de comptes individuels (imposables, non imposables, etc.) sont également déterminées selon les avantages fiscaux.

Changement de modèle

Si l’impôt n’est pas un enjeu : Nous établissons un plan de vente structuré qui réduit ou annule l’investissement en fonction du temps écoulé ou de certains seuils de marché.

Si l’impôt est un enjeu : Nous évaluons tout d’abord les inconvénients de la vente des avoirs restants pour acheter des avoirs modèles. Quelles actions donneraient lieu à des gains en capital (relevé d’imposition) et lesquelles seraient mineures ou pourraient entraîner des pertes fiscales compensatoires? S’il existe d’importants gains irréalisables, nous pouvons suivre plusieurs voies :

  • Avec votre conseiller fiscal, trouver un compromis entre les gains aujourd’hui (la certitude) et un environnement fiscal futur (l’incertitude). Bien que le report soit souhaitable si vous êtes dans une période où vous gagnez beaucoup d’argent, l’impôt à payer ne disparaît pas (et risque d’augmenter).
  • Évaluer les coûts inhérents à tout nouveau produit commun, car des frais excessifs peuvent éroder le capital plus que l’impact fiscal.
  • Étudier les avantages de faire don d’une partie des avoirs pour répondre aux objectifs caritatifs du client sans que la vente ne soit imposée.
  • Tolérer de légères variations par rapport aux pondérations du modèle pour des raisons fiscales, mais gérer le risque global du portefeuille en ajustant les pondérations sectorielles. Par exemple, maintenir une pondération de 7 % dans la Banque Royale (0,5 % au-dessus du modèle), mais détenir 0,5 % de moins dans les quatre autres grandes banques, de sorte que l’exposition globale aux valeurs financières soit la même que celle du modèle.

En un rien de temps, le chaos d’un portefeuille accidentel peut être maîtrisé pour obtenir un profil de risque et de rendement compréhensible et gérable pour l’amélioration de votre santé financière (et bien-être mental) à long terme. Il suffit de prendre la décision de s’engager sur cette voie!

*Un portefeuille modèle est la combinaison d’actions et leurs pondérations, géré par notre équipe. La somme de tous les éléments d’un modèle donné est de 100 %. Par exemple, au 30 juin 2023, nous détenions près de 6,5 % dans la Banque Royale et 1,0 % dans Sleep Country Canada (Dormez-vous) dans le modèle canadien.

Author

Most Recent

24 décembre 2023 | Points de vue | Lecture de 18 minutes
26 novembre 2023 | Perspectives institutionnelles | Lecture de 10 minutes
14 novembre 2023 | Points de vue | Lecture de 7 minutes